mardi, mars 08, 2005

Tout le monde en parle (donc moi aussi)

J’écoute depuis la deuxième semaine de son existence l’émission Tout le Monde en Parle (TlMeP). J’avais de grands espoirs pour cette émission. Je m’attendais qu’avec Guy A Lepage comme animateur, on aurait droit en entrevue aux questions que les autres interviewers sont trop polis pour poser. Avec le temps, j’ai du me rendre compte que Guy A est un comédien, pas un interviewer. De plus, si on regarde la liste de recherchistes dans le générique on voit des noms comme Richard Z Sirois et André Ducharme qui sont eux aussi des comédiens… pas des interviewers.

Je crois que l’émission a gagné beaucoup de crédibilité quand le président de Genex corporation (ou peu importe le gars qui devait aller défendre Jeff Fillion) s’est désisté ‘à la dernière minute’. L’émission a gagné une réputation qu’elle ne méritait pas vraiment sur cet événement et sur la sortie de Raël lors de l’enregistrement de son émission.

D’ailleurs, je n’ai jamais compris comment quelqu’un pouvait se désister ‘à la dernière minute’ quand l’émission est enregistrée quatre jours d’avance (l’enregistrement se fait le jeudi et elle est présentée le dimanche soir). Surtout quand on sait que Guy A a déjà complètement coupé un invité de son émission lors du montage comme ce fut le cas pour Pierre Lapointe.

Je me rends compte qu’avec le temps l’émission est passée dans ma perception de : ‘talk show avec un bon potentiel’ à ‘émission de variété où il est d’usage d’aller ploguer son show, son livre, sa cause’. Et quand je regarde les émissions initiales, je ne peux pas m’empêcher de me dire que ça a toujours été comme ça. C’est déprimant un peu.

C’est déprimant surtout quand on voit les vraies questions difficiles qui auraient pu être posées aux différents invités. On aurait pu demander à Miss Univers si elle pense que la société essaie d’imposer aux filles une image inatteignable de beauté; on aurait pu demander à Sheila Copps pourquoi elle s’est entêtée à rester dans la course au leadership libéral quand c’était évident que le reste du parti ne voulait pas d’elle comme chef; on aurait pu demander à Thomas Mulcair pourquoi Charest essaie de placer le ‘développement durable’ comme priorité de son gouvernement alors que ce terme n’a aucune signification légale au Québec (ce qui n’est pas le cas ailleurs); on aurait pu demander à ce jeune qui a dénoncé les coupes dans le système de prêts et bourses quel effet concret croit-il que les grèves étudiantes peuvent avoir; etc.

La seule entrevue que Guy semblait vouloir controversée c’était celle du président de Genex car il avait préparé des extraits de l’émission de Fillion à défendre en onde. Mais encore là, c’est probablement plus par souci de vendetta contre Fillion que par souci de faire une bonne entrevue qu’il s’était ainsi préparé.

Et pour la sortie on ne peut plus remarquée de Raël, c’est probablement plus Chapleau qui est responsable du fait que ce ‘prophète des prophètes’ soit sorti de ses gonds que l’animateur.

Je vais paraphraser un de mes amis ici qui a mis le doigt sur toute la problématique d’une manière que je trouve tout à fait juste (merci Phil) : Le problème avec cette émission c’est que l’échantillon d’invités potentiels au Québec est si petit que si Guy A est vraiment méchant, personne ne voudra participer à l’émission.

C’est vrai que la communauté artistique au Québec est bien plus petite qu’en France (où le format original de l’émission fut implémenté) et que si quelques grosses têtes refusent de se pointer à son émission, Guy A va se retrouver rapidement le bec à l’eau. Du même souffle, s’il pose des vraies questions à des politiciens, il sait que c’est le meilleur moyen de ne plus être capable d’en revoir d’autre à son émission.

Un autre signe que l’émission semble vouloir prendre plus d’importance qu’on devrait lui accorder c’est cette manie d’aller gruger 15 minutes sur le journal de 10h. Je pense que c’est aussi triste qu’inquiétant quand même la télévision d’état préfère amuser ses citoyens que de les informer. Ça donne une sorte de cachet ‘du pain et des jeux’ à Radio-Canada qui me laisse un goût plutôt amer.

Je vais probablement encore écouter TlMeP. Après tout, certaines entrevues sont chouettes et présentent des gens qui sont pour la plupart assez divertissants mais je n’en ferai plus la religion que j’en faisais dans ces jours plus innocents ou je pensais que l’émission avait une chance quelconque de faire des entrevues qui creusent en profondeur le sujet exposé. Maintenant on se rend compte qu’en regardant l’émission plus en profondeur, on ne trouve que plus de surface.

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