Laissez-moi plutôt vous mettre en contexte.
Nous sommes jeudi le 9 mars (212 jours avant le jour M). Je suis pogné dans le trafic et mon téléphone cellulaire sonne. Je suis en retard pour un rendez-vous alors j’imagine qu’à l’autre bout du fil c’est mon oncle qui se demande si j’arrive bientôt. C’était plutôt cet oiseau de malheur qui m’a annoncé ces sombres nouvelles. Voici la conversation.
Téléphone : drelin – drelin
Moi – Allo?
Elle – Hello?
Moi – Allo?
Elle – Could I speak to mister or Miss Montgomery Please?
Moi (poliment et pour expéditivement lui faire comprendre que c’est un mauvais numéro) – Sorry, but you have a wrong number
Elle – Is this 514 – mon numéro de cellulaire?
Moi – Yes but there is no mister Montgomery here
Elle – This is (company name) carpet cleaning services and we…
Moi (brusquement parce que les vendeur au téléphone me font suer) – I am SOOOOOOO not interested!
Elle – No need to be rude sir!
Moi – Well you have to understand, I’m French and you call me to sell me a product I don’t want in English
Elle – You’re not French sir, I should know my husband is Québécois and….
Moi – Va donc chier chu pas Français! Veux tu ben m’en sacrer un p’tite!
Avec le recul, je me dis qu’elle a raison. Après tout, son mari est québécois. Elle doit avoir un sixième sens pour détecter ma francophonie. Je dois donc en venir à la conclusion que je suis un bloke, une tête carrée, un lèche majesté, un mangeur de fish and chips, bref : je suis anglais. Quoiqu’elle ne m’a pas précisé quelle est on origine. Je pourrais facilement être chinois, va savoir! C’est ma mère qui va être surprise d’apprendre que je suis adopté. En plus, ça va être difficile pour moi de communiquer avec elle maintenant, elle qui a vocabulaire anglais limité à yes, no, toaster et ice cream.
En plus, elle représente une firme de nettoyage de tapis. C'est donc qu'elle s'est rendu compte que j'ai besoin de ce service. Je vais devoir poser des tapis chez-moi pour me plier à cette offre de nettoyage.
Ce qui me fait suer le plus dans toute cette affaire (à part le fait que je vais devoir contacter toutes les agences gouvernementales, banques, concessionnaires automobiles, employeurs, et autres organisations qui m’ont demandé ma langue de correspondance et que je devrai contacter pour changer ma langue de communication pour l’anglais) c’est la confirmation de la mort de la maxime « le client à toujours raison ».
Je suis conscient qu’il y a eu des abus de la part des clients et que travailler dans le commerce du détail implique d’être mis en contact avec des imbéciles. Mais au mois avant les imbéciles ils avaient leur mot à dire. Mais quand une vendeuse est rendue au point de contredire un client sur sa langue d’origine, c’est le bout de la marde.
Qu’est-ce que cette téléphoniste a bien pu penser pour se dire : « Cet homme a un motif ultérieur pour me mentir sur sa langue d'origine »? Il fut un temps où j’aurais pu rentrer dans un magasin et dire à un vendeur : « I am speaking French » et l’une de deux choses se serait produite :
- Un vendeur normal m’aurait adressé en français (sauf probablement chez la Baie mais ça c’est une autre histoire)
- Un robot de Star Trek aurait eu un bogue fatal permettant à l’équipage de l’Enterprise de se sauver.
Aujourd'hui si j'essaie ce petit stratagème, je me compterai chanceux si je m'en sort avec juste des gros mots de la part du gérant.
À moins que l’on voit dans cet appel téléphonique que la prochaine étape pernicieuse de la conspiration anglaise pour nous assimiler. Le travail lancé en 1760 passe maintenant à la tactique 1984 : si on leur répète sans cesse qu’ils sont anglophones, il s’assimileront tous seuls. Plus besoin de les noyer dans les films, la musique et la culture anglophone, nous les appellerons un par un et nous leur diront : vous n’êtes pas français. D’ici une ou deux générations, ils seront à nous.
C’est à nous de contre-attaquer. Et voici comment il faut s’y prendre :
Allez dans un édifice gouvernemental où on offre un service bilingue.
Exigez d’être servi en anglais et essayez de tenir une conversation comme suit :
Préposé aux sévices à la clientèle (PSC) : Bonjour, que puis-je pour vous?
Vous : J’exige d’être servi en anglais
PSC: Fine sir! How may I help you today?
Vous: désolé, je ne comprend pas.
PSC : vous ne parlez pas anglais?
Vous (indigné) : hey! J’exige un service en anglais exclusivement!
PSC: OK sir! What can I do for you?
Vous: Quoi! Je ne comprends rien!
Etc.
Peut-être qu’avec cette technique vous ne convertirez personne à la francophonie mais au mois vous aurez fait un grand pas pour le surréalisme. Et tout le monde sait que girafe poilue doit frugaliser ses traines en plumes.
2 commentaires:
;-) ;-) ;-)
Je peux te certifier que tu n`es pas adopté et que si tu parles aussi bien anglais c`est que ta grand-mère maternelle y a vu.
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