Ouf!
Le film n’était pas les gros chars mais au moins c’était une grosse amélioration par rapport au livre. Je pense que je suis littéralement chagriné par tous les arbres détruits pour imprimer les multiples copies de ce roman harlequin qui se donne des airs.
Tout d’abord, je n’ai pas « lu » le livre, j’ai écouté la version audio en allant et revenant au boulot. C’est le quatrième fois que j’écoute un livre comme ça mais je dois dire que c’est la première fois que la voix du narrateur (une narratrice dans ce cas précis) me tombe autant sur les nerfs. Donc en plus ne pas recommander le livre, je vous dirais de vous tourner vers la version papier tant qu’à vous taper la voix geignarde de la lectrice. Malgré que je me suis tourné vers ce média ne voulant pas gaspiller de mon précieux temps de lecture sur ce livre que je n'étais pas vraiment sûr d'aimer.
Mais que dire du bouquin lui-même. Ben… c’est d’la marde. Et voilà, c’est dit. Ce n’est pas constructif mais ça a le mérite d’être vrai. Laissez-moi plutôt étoffer cette opinion.
Tout d’abord, l’histoire. Sur une vingtaine de chapitres (23 ou 24, je ne m’en souviens plus), on doit attendre au chapitre 17 avant que les antagonistes fassent leur apparition. Avant ce chapitre, ils sont mentionnés en passant au chapitre 15 et c’est tout. Dire que je trouvais qu’ils sortaient de nulle part dans le film, au moins celui-ci faisait l’effort de nous les montrer pas mal depuis le début. Ces méchants qui surviennent de nulle part font en sorte qu’on a aucun suspense, aucune appréhension, bref, leur importance part rapport à l’histoire est virtuellement nulle.
Les 16 autres chapitres quant à eux raconte la
Ensuite viens le style de l’auteur qui redonne aux compositions écrites d’un élève de cinquième année ses lettres de noblesse. L’auteure à l’air de penser que son public cible est composé de gens incapables de se souvenir de ce qui a été dit il y a quatre phrases donc elle s’efforce de répéter ses points encore, et encore, et encore, encore une couple de fois et une ou deux fois de plus pour faire bonne mesure. Son leitmotiv de prédilection c’est de souligner à quel point Edward est beau. Il n’est pas juste beau, il est superbe. Il n’est pas superbe, il est divin. Il n’est pas divin, il me ressemble. Il est décrit comme étant
- Beau
- Angélique
- Séraphique
- Ressemblant Adonis (Adonis est spécifié 2 fois mais il est aussi comparé à un dieu grec non spécifique. Quelque chose me dit que Bella ou l'auteure ne pensait pas spécifiquement à Héphaïstos)
- Parfait
- un gars tellement pitou qu'on l'appellerait « chien-chien »
- Il fait soupirer les madames dans les catalogues
- il avait l'air d'avoir la face toute aussi douce que du vrai minou
- Aussi joli qu'un beau flamand rose volant majestueusement vers le soleil couchant avec une belle peinture en son bec
- Aussi beau qu'une fille moche au last call et que je suis particulièrement saoul
- Même avec un masque, on sent sa beauté qui suinte à travers les trous pour les yeux
- Il sent bon pour que les aveugles le trouvent cute eux aussi
- Remet le "sublime" dans "sublimation de la fougue féministe"
- il est à la beauté ce qu'Ottawa est à l'emmerdement
- tellement beau qu'il doit se rouler dans la shnoutte pour que ses amis arrêtent de jouer avec
Bon, bon, je l’avoue, certaines de ces descriptions sont de moi mais j’exagère à peine quand je dis que dans certains passages environ une phrase sur cinq sert à nous rappeler à quel point Edward est beau. Après deux ou trois chapitres, c’est ronflant.
Le pire, c’est qu’à part d’être beau, Edward est comme un genre d’écœurant. Tout d’abord, il fait quelques manœuvres pour isoler Bella de ses amis. Ensuite, il passe son temps à faire des remarques qui sont carrément menaçante (quand il ne détruit pas carrément le paysage autour d’elle). De plus, il épie les pensées de ses amies pour intercepter ses conversations privées. On peut aussi ajouter le fait qu’il fait grand état de ses difficultés à contrôler sa colère et à quel point il se sent « protectif » de la santé de Bella. Bref, c’est un contrôlant chronique qui isole Bella de ses amis, qui l’espionne sans arrêt et qui la menace quand il ne verse pas carrément dans la violence autour d’elle. Je ne veux pas insinuer qu’il a le profil d’un batteur de femme mais mettons qu’on peut dire qu’il n’est pas étranger à la violence psychologique.
Mais pour en revenir au style, on dirait que l’auteure a entendu parler des adverbes et des adjectifs ensemble et qu’elle a décidé que tant qu’a n’en mettre, mettons-en en grand. On fini par trouver ça rapidement énervant. Quand ça ne sombre pas dans le carrément emmerdant. Pour ne pas dire joliment pouiche. Une fois de temps en temps, ce n’est pas si pire. Par contre, quand un dialogue précise à chaque ligne le ton précis, précis, précis de chaque remarque on aimerait passer à autre chose.
En fait, tout ce qu’il manquerait pour rendre ce livre plus pénible, ce serait une morale à cinq sous sur la pureté. Heureusement, l’éducation mormone de l’auteure vient à la rescousse. Edward ne doit jamais perdre le contrôle autour de sa belle Bella. Et même si celle-ci le veut pour son corps. Il doit se retenir de peur de la tuer. Pureté, abstinence, alléluia. Ha! j'oubliais aussi le petit détour vers le créationisme quand Edward explique qu'il pense que les vampires ont été créés en même temps que les humains.
Malgré tout ceci, ce qui me dérange le plus dans ce ramassis de médiocrité c'est la relation entre les protagonistes. Cette relation qui est illustrée dans une des scènes "phares" du roman. Dans la scène en question, Edward et Bella sont dans un sous-bois, loin de toute civilisation. Edward explique à Bella que la nature l'a doté d'une foule d'avantages qui le rendent irrésistibles aux humains et lui refait le coup du "normalement je devrais être en train de te tuer en ce moment et tu ne pourrais rien y faire". Mais Bella lui explique qu'elle l'aime malgré tout.
En repensant à cette scène, je me demande sincèrement quelle relation il peut y avoir entre ces deux êtres. Parce que peu importe ce qu'Edward peut faire, Bella sera inévitablement attirée parce que le vampirisme le rend super beau, gracieux, élégant et lui donne même une odeur qui le rend attirant. Elle ne peut rien faire pour résister à ses pouvoirs et Edward le sait. Ceci ne l'empêche pas de poursuivre la relation. La seule image à laquelle je peux comparer ceci c'est celle du gars qui couche avec une fille inconsciente dans un party. Elle ne peut pas lui résister, il sait qu'elle ne peut rien faire mais il assume son consentement malgré le fait qu'elle ne peut pas vraiment offrir de résistance.
Il n'y a rien de sain dans ce roman. Et de penser qu'il y a une fille quelque part qui cherche une relation comme celle entre Bella et Edward ne me perturbe pas qu'un peu. Et je suis loin d'être le porte-étandard du féminisme.
Je donne donc à la version écrite de Twilight un petit demi-ninja tout insignifiant mais ce ninja préfère se faire sepukku que de réécouter l'horrible version narrée par Ilyana Kadushin. Du point de vue positif, ce livre permet d'apprécier n'importe quel autre auteur à sa juste valeur parce que c'est pratiquement impossible de faire pire