mardi, juin 26, 2012

Réponse simples à un problème sexiste

L'auteur a un peu trop de temps sur ses mains


Dans un éditorial publié chez La Presse, Paul Daniel Muller (un économiste) nous fait une déclaration que seul un économiste peut faire: toutes choses étant égales par ailleurs la politique de sacs réutilisables à la SAQ est sexiste.  Bon, c'est moi qui ai ajouté le "toutes choses étant égales par ailleurs" mais mes deux cours d'économie à l'université m'ont appris qu'un économiste dit toujours ça. Ça impressionne la plèbe.


En gros, l'auteur dit qu'à 75 sous, le prix d'un sac constitue une taxe de 5% sur une bouteille de 15$ pour les humains qui n'ont pas l'habitude de trimbaler une sacoche.  En fait, la bouteille la moins chère disponible à la SAQ est un Chardonnay Gallo Family Vineyards Californie 2008  à 3,60$ et la taxe monte alors à 20% et la plus chère, un Château Palmer Margaux grand cru classé 1945 vous coûtera la bagatelle de 6930$ taxée à hauteur de 0,01% pour un sac.  Établissons donc la moyenne à 10% (tant qu'à donner dans la logique foireuse).  Mais, soyons honnête, si t'es vraiment le genre à envisager intenter un recours collectif pour 0,75$ la bouteille, tu te trouves vraisemblablement plus du côté "colon" que "parvenu" dans ton arc-en-ciel de clients de la SAQ.


Monsieur Muller nous indique aussi qu'il refuse de prendre un sac réutilisable dans sa réserve tous les matins parce que la SAQ devrait lui faciliter la vie.  Du point de vue purement économique, la SAQ n'a aucun incitatif à nous faciliter la vie.  Les sacs à usage unique sont une perte pure pour la SAQ.  Leur option est donc de dissimuler le prix de ces sacs dans le prix des bouteilles ou encore de changer cette perte en gain en nous vendant des sacs avec une marge.


Monsieur Muller souhaiterait que la SAQ nous vende plutôt un sac de plastique à 0,05$ comme on le fait dans presque toutes les épiceries du Québec.  Si seulement il y avait des épiceries au Québec qui acceptaient de nous vendre du vin et des sacs à 5 sous... comme... comme toutes les épiceries que j'ai fréquentées depuis que je fais mes courses moi-même.  Mais bon, si monsieur Muller veut aller à la SAQ, essayons d’adresser son problème.


Une petite recherche informelle (j'ai demandé à ma femme) m'indique qu'un bon prix pour une sacoche est de 30$.  Ajoutons 10$ parce que ma femme m'a sûrement menti pour dissimuler le vrai prix de ses accessoires (et parce que j'ai regardé sur ce site et je vois que 40$ a l'air d'un prix assez moyen pour un sac à main).  Une femme dépensera donc 40$ pour une sacoche ce qui correspond à environ 53 sacs réutilisables.


À la lumière de ces chiffres, je proposerais donc à monsieur Muller de repenser son choix de ne pas utiliser de sacoche si sa consommation excède 1 bouteille par semaine.  Après tout, il faut considérer les incitatifs.  D'un côté, on a le côté pratique de toujours avoir un sac sous la main (pour trimbaler des affaires de mâles comme des revues de fesses, de la bière, des outils ou des animaux qu'on a tué nous même par exemple) au nez et à la barbe de tous tout en économisant en plus cette surtaxe sur la masculinité.  Par contre, les diktats de la mode étant ce qu'ils sont, ça a l'air un peu moumoune de se promener avec une sacoche.


J'ai fait une recherche sur "sacoche pour homme" et je ne trouve que des sites avec des prix en Euro.  La solution, une besace ou encore une gibecière (préférablement en cuir d'un animal mignon) et vous serez à la page.  Vous n'aurez pas l'air efféminé, vous aurez l'air "Européen".  Il y a aussi l'option "sac de courrier" que la multitude de cyclistes de Montréal semblent être amourachés de.


Bon, bon, je vous vois venir: de prévoir votre journée 8h+ d'avance, ça vous fait chier et passer prendre une bouteille de vin à l'épicerie c'est pour les pauvres ou pour quand la SAQ est en grève.  Heureusement, j'ai des solutions pour vous.


Malheureusement, je ne bois pas de vin (je suis plus type Scotch moi-même) mais j'ai essayé de trouver une  solution qui permet de concilier spontanéité et la vie d'un mâle moderne, un vrâ (pas un vrai, un vrâ de vrâ).


Comme substitut de bouteille de vin, je me contente de cette bouteille de vin de cuisson qu'on m'a offert il y a un certain temps:



La première solution marie élégamment la vie de bureau et la boisson:  les Post-its.  Ça tient dans une poche, c'est pas cher (encore mieux, si vos collègues  ne sont pas prudents avec leurs fournitures de bureau, c'est gratuit).  Vous avez une petite soif à 17h: un petit paquet glissé dans une poche et vous avez un camoufle-bouteille qui fera l'envie des pauvres dans le transport public
Chateauneuf du Pape ou Bébé Duck ?  Impossible de savoir
La photo ci-haut a nécessité environ 13 post-its.  La leçon importante: la colle de post-its qui ne sont pas de la marque "post-it" ne vaut pas de la shnoutte sur du verre.  Tu voudras peut-être faire le test avec le vrai produit et me revenir sur tes résultats.  Pour 13$ bureau en gros offre un paquet de 600 post-its ce qui fait que chaque bouteille recouverte reviendrait à environ 0,28$ pour recouvrir une bouteille (c'est quand même presque 0,50$ dans ta poche - WIN)

La seconde option à laquelle j'ai pensé c'est une capote.  Ça s'étire et ça se glisse dans une poche et c'est difficile d'accuser un gars de moumounerie quand il a une poche pleine de préservatifs.  L'idée ici c'est de faire de l'indirection.  C'est un truc de magicien: les gens seront tellement occupés de parler du gars qui transporte sa bouteille dans un condom que personne ne remarquera quelle marque porte la bouteille.  Malheureusement mes tests préliminaires me montrent que les prophylactiques ont une efficacité limitée pour couvrir une bouteille.  J'aurais probablement dû me servir d'un imperméable à pénis grand format.  Et si tu trouves que ça fait frimeur de se promener avec des bouteilles de vin à 35$, essaie d'avoir l'air cool en achetant des préservatifs formats extra-large.

À 2$ le paquet de trois, au moins tu t'en sors à 0,66$ le "sac"

Par contre, l'idée du condom m'a fait penser aux bons vieux gants de latex.  Je suggères les noirs tels qu'utilisés pour ma photo.
On les enfile le matin dissimulant notre montre (une montre de pauvre fait pingre, après-tout et une montre à 5000$ ça fait parvenu)

Des gants comme ceux-ci vont changer chaque jour de ta vie en épisode de Dexter.  Je te garantie que tes collègues vont arrêter de voler tes post-its pour cacher leurs bouteilles si tu te promènes au bureau avec des gants qui ne laissent pas d'empreintes digitales.  Toi par contre, tu auras toute la latitude nécessaire pour voler les leurs sans laisser de traces.  Mais le mieux c'est quand tu te pointes à la SAQ et que tu veux sortir sans montrer ta bouteille et sans acheter leur putains de sacs
Et le soir on peut faire un doigt d'honneur aux pseudos-biens-pensants sexistes et misandres de la SAQ
Ma prochaine idée est un peu plus terre-à-terre: les sharpies.  Si tu préfères, ces crayons feutres qui écrivent sur tout.  Quelques secondes ou minutes sont tout ce dont tu auras besoin pour cacher au curieux membres du petit peuple ce que tu bois.  La photo suivante montre une preuve de concept.  Tu pourras obtenir des résultats plus probants en barbouillant toute l'étiquette.
Et si tu préfères, tu peux sniffer le stylo pour un buzz pas cher et  éviter de payer une bouteille aux tarifs usuriers de la SAQ
Mais la solution des solutions, celle que tous les mâles peuvent implémenter avec ce qu'ils ont dans leur garage: le duct tape.  Ma photo n'est pas très probante parce que je n'ai pas mis la main sur mon rouleau de tape gris mais encore une fois, la preuve de concept est là:
Les vrais hommes ont du tape gris... je devrais avoir honte
Après tous ces tests, j'ai remarqué que le monde regorge de solutions.  En fait tout le problème peut être réglé avec cet accessoire (que tu peux probablement trouver en quantité importante un peu partout, je te suggères de t'en garder une couple dans un tiroir dans ton bureau).  Note, les pharmacies Jean Coutu n'ont rien à voir avec cet article, c'est juste l'endroit où j'achète mes post-its et mes condoms.
Rasoir, Occam.  Occam, rasoir.
J'espère que ma petite dissertation te fera comprendre que tu es aux prises avec ce que les experts décrivent comme un "first world problem" (désolé pour le lien en anglais).   Le genre de problème causé par ta propre consommation d'un bien de luxe.  Tu veux une solution terre-à-terre pour ton problème de sac: arrête de boire.  Plus de visites à la SAQ, plus besoin de sac.


Si seulement la vie venait avec Photoshop
De toutes façons, les vrais hommes ça bois de la bière.  Non seulement ça fait pithécantropiquement mâle de rotter de l'orge mais en plus, un six pack ou une caisse de 12 ou 24 ça vient avec une poignée fait que pas besoin de sac.  Pis si c'est si important que ça pour toi de boire du vin pis pas acheter de sac, fait donc comme un vrai mâle et envoie ta femme chercher ce que tu veux avec sa sacoche.

Non, mais.


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Ajout:
Apparement Monsieur Muller a lu mon billet et a même eu la gracieuseté de me lier dans son blogue.  J'espère que vos collègues gardent leurs post-its à l'oeil.  De toutes façons, ils sauront qui blâmer s'il advenait à en manquer tout d'un coup.

6 commentaires:

Anonyme a dit...

V'lan dans les dents à cet économiste misandre.Très drôle votre texte.Ça part bien la journée. Sylvie Dupont @syldupo

Anonyme a dit...

Excellent, mais la solution finale de la bière possède son lot de problèmes aussi. Un caisse de Wildcat ça fait pauvre et une caisse de Dieu du Ciel cela fait parvenu alors retour à la case départ.

Anonyme a dit...

lol, très drôle effectivement. T'as bien du temps, mais c'est mis à nous faire rire donc c'est productif! ;)

Je vais penser à toute cette polémique chaque fois que je vais aller à la SAQ maintenant... ;)

Caroline

Jordan Raymond a dit...

J'ai pas mal ri. Jaune en lisant cyberpresse, pis aux éclats en lisant ton blogue.

Anonyme a dit...

Superbe un nouveau classique du même niveau que ton "post" sur Underworld....

JC

Anonyme a dit...

Tu sais que tu mènes une vie de misère quand ton plus gros problème c'est d'avoir peur d'être prétentieux avec ta bouteille de vin dans l'autobus. La vie c'est vraiment pas facile mon Paul mais faut pas s'en faire... personne s'en sort vivant.

Signé: un gars qui se fou complètement de ce que les autres pensent de sa bouteille de vin.